A la ferme aux lombrics (Le Parisien Magazine, aout 2016)

Bernard Chevalier est un pionnier de la lombriculture. Ses vers, qui fabriquent de l’engrais écolo, passionnent désormais les particuliers soucieux de valoriser leurs déchets.

A 55 kilomètres de Paris, dans le petit village de Cléry-en-Vexin (Val-d’Oise), trois énormes chiens accueillent le visiteur à l’entrée d’une petite ferme comme on en trouve des milliers en France. Sauf qu’on n’y fait pousser ni blé ni maïs, on n’y élève ni moutons ni cochons… Mais des lombrics !

Bienvenue à Fertisol, une ferme lombricole. Ici, 500 millions de petits vers rouges californiens transforment du fumier de vache – leur mets préféré – en lombricompost, un engrais 100 % écologique. « Un jour, un client à qui j’expliquais mon produit m’a dit : “Si je comprends bien, tu vends de la merde.” Ce n’est pas une façon très fine de le dire, mais c’est un peu ça ! » raconte en riant Bernard Chevalier, 86 ans, blouson en cuir, chemise blanche à rayures et bretelles, fondateur et cogérant de la ferme. Les « petits ouvriers », comme il les appelle, vivent paisiblement au cœur de rangs de fumier de 100 mètres de long et 2,20 mètres de large, aménagés côte à côte. Ces lignes sont recouvertes de bâches pour contrecarrer l’appétit vorace des oiseaux. Elles sont aussi protégées par des grillages resserrés et un tapis, installés sous la terre, pour lutter contre les taupes, elles-aussi très friandes de petits invertébrés.

« Au bout de huit mois environ, le fumier a totalement changé d’apparence : la paille a disparu, il ne reste plus que la “crème” de lombricompost. N’ayant plus rien à manger, les vers aussi ont disparu : ils ont migré vers le rang d’à côté, plus frais », explique Bernard Chevalier, en attrapant à pleine main une motte grouillant de lombrics. Une fois récoltée, la crème, qui ressemble à de la terre foncée et visqueuse, est entreposée sous la chaleur de serres et régulièrement brassée. Lorsqu’il a séché, l’engrais a l’apparence d’un terreau brun. Il est entreposé dans les hangars voisins avant d’être conditionné en sacs de 25 kg, vendus 24 euros l’unité aux particuliers. « Chaque année, nos 500 millions de vers mangent 1 000 tonnes de fumier et produisent 500 tonnes de lombricompost. C’est une vraie usine ! » se réjouit le maître des lieux.

Retrouvez la suite de ce reportage sur le site du Parisien Magazine, ici!

Un reportage de Léonor Lumineau / Photos : Raphaël Fournier (Divergence Images)

 

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