A la rencontre des catholiques cachés du Kosovo (Le Monde des Religions, juillet 2020)

Dans ce petit pays des Balkans à 90 % musulman, des catholiques vivent leur foi en catimini depuis des générations. Si certains choisissent aujourd’hui de rejoindre l’Eglise officielle, d’autres préfèrent rester dans la clandestinité.

En ce dimanche ensoleillé de Pâques, les fidèles affluent sur le parvis de l’église Saint-Abraham de Llapushnik, un village à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Pristina, la capitale kosovare. A l’intérieur, Ismet Sopi, un sexagénaire aux cheveux blancs très élégant dans son costume, jubile en jetant un œil à l’assistance : « Il y a aussi des musulmans », glisse-t-il à voix basse.

Le paroissien a de quoi être fier : il a remué ciel et terre pour reconstruire en 2016 cette nouvelle église sur les fondations d’une ancienne. Perché en haut d’une colline, l’édifice religieux est visible des kilomètres à la ronde. Tout un symbole, dans un pays majoritairement musulman. Celui de la renaissance de l’Eglise catholique, mais pas seulement. C’est aussi le retour officiel au catholicisme pour des croyants qui ont pratiqué leur foi dans l’intimité de leurs foyers pendant des générations, tout en s’affichant musulmans dans l’espace public. Comme Monsieur Sopi.

Coming out catholique

Cet ancien « crypto-catholique » – c’est ainsi qu’on les appelle – a franchi le pas il y a dix ans, en se faisant baptiser. « Avant, je me sentais mi-viande mi-poisson, résume-t-il, assis dans un café. Maintenant je suis calme, serein. Pour moi, c’est un héritage de mes ancêtres. » Le Kosovar a grandi dans une famille où Noël se fêtait en cachette. Où on colorait des œufs pour Pâques à l’abri des regards indiscrets. Où chaque membre de la famille avait un prénom musulman en public et chrétien en privé ; d’ailleurs, Ismet Sopi se prénomme également Marin. Le 26 juillet, jour de la Saint-Joachim, était un jour « où les plus anciens allumaient des bougies pour célébrer le saint de la famille », se souvient-il. Désormais, il perpétue cette tradition typiquement crypto-catholique, mais sans se cacher.

Retrouvez la suite de ce reportage d’Hélène Bielak à la plume et Jan Schmidt-Whitley à la photo sur Le Monde des Religions.

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