Un café nommé Lenin (Sept Info et Le Quatre Heures)

Elle aurait rêvé être Lénine. Pour se consoler, cette retraitée du trésor public lui a dédié son café. Roubles, bustes et livres de propagande… sur les bords de Loire, le bistrot de Martine Thouet est l’un des derniers espaces voués au leader rouge en Europe. Cent ans tout juste après la révolution bolchévique, Hélène Bielak et Simon Lambert se sont invités dans ce kolkhoze moderne. Au menu : betterave, bortsch et crème à la Vodka.

C’est une vieille longère, typique du coin, perdue au fin fond d’une île sur la Loire. Sur le flanc de la maison en pierre, un visage s’affiche sur fond rouge. Traits anguleux, grand front dégarni, petite barbichette et air austère. Ce premier Lénine assure aux visiteurs qu’ils sont arrivés à bon port. Ici, dans sa maison, où des dizaines de ses répliques attendent les curieux.

Mais que fait un lieu dédié au leader bolchévique à Chalonnes-sur-Loire, 6.700 habitants au compteur, en pleine campagne d’Angers ? « Lénine n’était pas d’ici, et alors ? Jésus-Christ était d’ici peut-être ? Non, et pourtant il y a deux églises à Chalonnes ! »

Derrière ses lunettes de vue teintées à la John Lennon, Martine Thouet sourit. Cette reine de la répartie est aussi celle du Lenin Café. Teint hâlé, cheveux blonds peroxydés très courts et sourire inoxydable, elle rayonne dans sa robe rouge au décolleté plongeant. En cette fin d’après-midi de mai, elle discute avec ses clients sur la terrasse du café, tutoie tout le monde, éclate de rire bruyamment. Le tout sous les petits yeux sévères de son idole, le père de la révolution russe.

Voilà dix ans que le Lenin Café est né, sur les bords de Loire. Bistrot-musée associatif, on peut venir y prendre un verre, manger un repas russe, écouter un concert ou jeter un œil à l’improbable collection de reliques soviétiques exposées. Des dizaines de bustes, statuettes et tableaux de Lénine, bien sûr, mais aussi des livres, des affiches de propagande, des disques russes, des roubles, etc.

Le fruit d’une collection entamée il y a quarante ans dans les ex-pays du bloc de l’Est : Pologne, Ukraine, Bulgarie, Roumanie, République tchèque…. Des territoires que Martine Thouet sillonne sans cesse depuis ses 19 ans.

Le lieu est presque unique en Europe. Seul un autre musée en Finlande à Tampere est aussi voué à Lénine. À Paris, l’appartement du 14e arrondissement où ont séjourné Lénine et sa famille pendant leur exil de 1909 à 1912 a bien servi de sanctuaire pendant un temps, mais il a fermé ses portes il y a dix ans.

Retrouvez la suite du reportage d’Hélène Bielak et de Simon Lambert  en textes, en photos et vidéos sur le site de Sept Infos et du Quatre Heures.

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