Les insectes peuvent-ils nourrir le monde? (Alternatives Economiques, mars 2019)

Une à une, elle trie les chenilles bouillies sur son plateau, met de côté les abîmées. A côté, une autre préparatrice passe les sachets sous une machine qui les scelle: les insectes pourront être consommés durant 18 mois. Installée dans une maison au nord-est de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, la startup FasoPro tourne à plein régime. Kahitouo Hien, son fondateur, ne s’arrête pas, entre coups de téléphone, emails et livraisons. Son pari: produire industriellement des produits alimentaires à base d’insectes, en apéritif, en biscuits, en farine, en Afrique de l’Ouest… “Au Burkina Faso, une partie de la population consomme déjà traditionnellement des chenilles de karité durant la saison, entre juillet et septembre. Or, ce sont des sources de protéines incroyables et elles sont riches en acide gras essentiels oméga 3 et en fer”, explique le trentenaire, en faisant visiter la salle où sont conservés des sacs de chenilles récoltées dans la nature, dans l’ouest du pays.

Monter une startup au Burkina Faso n’est pas chose facile, mais en quatre ans d’existence, FasoPro s’est faite remarquer: elle a gagné plusieurs prix à l’international (prix spécial du meilleur impact social du Global Social Venture competition 2012, premier prix du Grand Challenges Canada, 2ème prix de l’African Business Club, prix de La France s’engage au sud en 2016, 1er prix du Forum Sahel innov 2017), et a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 50 millions de francs CFA (environ 76 224 euros) – honorable, pour une jeune startup burkinabè. Aujourd’hui, ses produits sont vendus dans plus de 530 boutiques au Burkina Faso, dont les stations-essence Total. Et pour Kahitouo Hien, ce n’est qu’un début. Car il en est persuadé: la consommation d’insectes va exploser d’ici une dizaine d’années dans le monde. “La population mondiale augmente, il va bien falloir trouver une solution pour la nourrir”, souligne-t-il.

Une enquête de Léonor Lumineau à la plume et à la photo à lire dans le numéro d’Alternatives économiques de mars 2019. 

suivez-nous