Les fantômes de la bestia, ces migrants aux rêves brisés

Pendant deux semaines, Leonor Lumineau et Anne-Claire Huet se sont intéressés à ces "invisibles" amputés. Le nom de leur web-documentaire : les Fantômes mutilés de la bestia

MYTF1NEWS – Chaque année, des milliers de clandestins grimpent sur des trains pour traverser le Mexique et se rendre aux Etats-Unis. Les chutes sont nombreuses. Un web-documentaire donne la parole à ces migrants amputés après avoir chuté à l’occasion de la journée mondiale des personnes handicapées ce lundi.

Publié sur MyTF1News, décembre 2012.

La cadence infernale de wagons sur des rails, un sifflement de train et des klaxons qui se font plus insistants. Trois témoignages en fond sonore, qui disent : “J’ai décidé de prendre un train, et c’est là que j’ai eu l’accident (…) ça s’est passé comme ça, mes jambes sont tombées sur les rails et les a détruites… (…) c’est là que le rêve américain s’est terminé pour moi…” Ils s’appellent Freddy, Miguel et Maritza et sont trois des protagonistes des Fantômes mutilés de la bestia. un web-documentaire réalisé par Léonor Lumineau et Anne-Claire Huet, deux jeunes journalistes récemment primées pour ce projet*. Nous vous en parlons à l’occasion de la journée internationale des personnes handicapées ce lundi.

Ils s’appellent Freddy, Miguel, Maritza et voulaient rejoindre les Etats-Unis y tenter leur chance. Alors, comme des milliers de sud-américains venant du Honduras, du Salvador ou du Guatemala, ils ont décidé un jour de monter clandestinement sur le toit des trains de marchandises qui traversent le Mexique jusqu’à l’Eldorado. Leur rêve s’est brisé quelque part en chemin. Mal accrochés, ils sont nombreux à chuter. Dans les deux sens du terme. Comme tant d’autres Freddy, Miguel, Maritza se sont retrouvés mutilés après avoir été happés par les roues du train.

Pendant deux semaines, Léonor Lumineau et Anne-Claire Huet se sont intéressés à ces “invisibles” amputés. Ceux dont le rêve, stoppé net, s’est transformé en cauchemar. Quand ils sortent de l’hôpital, ils se retrouvent livrés à eux-mêmes. Sans existence légale sur le sol mexicain, sans argent. A Tapachula, dans le sud du Mexique, une auberge tenue par des bénévoles les aide à panser leurs plaies. Avec leur micro, leur stylo et leur appareil-photo, les deux reporters ont recueilli le témoignage de ces personnes brisées. Elles ont écouté leur désillusion, leurs espoirs. Partagé leurs quotidiens fait de repos et de changements de pansements. Donné la parole aussi à ceux qui les aident au quotidien et notamment Olga Sanchez, la fondatrice de l’auberge en 1990. Celle qui répète à ces migrants aux rêves brisés : “N’ayez plus peur, on va s’en sortir”. “Ce qui est assez frappant, raconte Léonor Lumineau, c’est l’optimisme qu’ils ont. Ils savent qu’ils auraient pu mourir et là ils remercient Dieu d’être en vie. Mais jamais, jamais, ils ne remonteront sur la Bestia”.

*Le prix Novartis Santé & Citoyenneté

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