L’Italie embarrassée par son patrimoine architectural fasciste (Le Monde, 5 mars 2018)

La dictature de Mussolini a couvert le pays de chefs-d’œuvre architecturaux. Faut-il les restaurer ? Comment les présenter ? Ces questions divisent.

Plongeurs athlétiques, chevaux cabrés et tritons surveillent les baigneurs du centre sportif Foro Italico, à Rome. Ces mosaïques fantastiques font de la piscine une des plus belles de la capitale italienne ; seule sa petite sœur, à l’étage, jadis fréquentée par Mussolini en personne, peut rivaliser. En sortant, les baigneurs foulent un sol couvert d’aigles, de bombardiers, de chemises noires et d’inscriptions belliqueuses – « Vaincre est nécessaire, combattre l’est encore plus », « Beaucoup d’ennemis, beaucoup d’honneur », « L’Italie a enfin son empire ». Nous sommes à deux pas du stade olympique. A l’entrée du complexe, un obélisque arbore l’inscription MVSSOLINI DVX. Bâti pour la candidature de Rome aux Jeux olympiques de 1940, le Foro Italico évoque, par son architecture tonitruante, la gloire de l’ancien Empire romain et encense la dictature fasciste.

Si les touristes s’offusquent de voir le nom du Duce gravé en lettres capitales, les locaux assument leur amour pour l’endroit. Produit de la propagande du « Ventennio », la double décennie fasciste, le Foro Italico est également emblématique de l’avant-garde architecturale de l’époque. Sa restauration pouvant prêter à de mauvaises interprétations sur son véritable mobile, on a laissé le marbre se fissurer et les mosaïques se dégrader. Mais lorsque, en 2015, la présidente de la Chambre des députés, Laura Boldrini, a proposé d’effacer le nom « Mussolini » du monolithe, on l’a accusée de vouloir défigurer un chef-d’œuvre…

Que faire alors de ce patrimoine aussi encensé qu’encombrant ?

Lire la suite de l’article de Margherita Nasi sur le site du Monde.fr, ici.

 

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