Des néo-nazis s’engagent contre la haine (Le Vif, avril 2019)

Neo nazis HB SL

En Allemagne, une association épaule les adeptes de l’extrême droite désireux de quitter leur groupe. Grâce à un accompagnement personnalisé favorisant la discussion, elle les aide à démarrer une nouvelle vie.

La honte. Voilà ce que ressent Felix Benneckenstein, 31 ans, lorsqu’il repense aux textes racistes qu’il chantait en concert il y a 8 ans. « J’ai écrit que les Noirs étaient un problème pour l’Allemagne et qu’ils ne pouvaient pas rester ici. Aujourd’hui, j’y repense tous les jours », confie-t-il au téléphone. A cette époque, le chanteur-guitariste, qui se faisait alors appeler « Flex », était le fondateur de la Kameradschaften[1] de la petite ville d’Erding, dans la région de Munich. Un ardent militant, qui répondait présent à tous les défilés néo nazis organisés près de chez lui. Un provocateur toujours en quête d’une nouvelle bagarre. Un autre homme.

Pourtant, rien ne prédestinait Felix à rallier les néonazis. Le jeune Allemand est né dans une famille aimante, stable, avec des parents ouverts d’esprit. Mais à l’adolescence, tout se complique. Elève rebelle, Felix est renvoyé de plusieurs écoles. Il nourrit une haine féroce contre toute forme d’autorité : ses parents, ses enseignants, la police et l’Etat.

Lorsque sa famille déménage dans la périphérie de Munich, il se fait de nouveaux copains qui lui font écouter du rock d’extrême droite. Curieux, il cherche à comprendre le sens des paroles. Et met un premier pied dans le bain néonazi. Felix télécharge sur eMule[1] des livres en format PDF, interdits en Allemagne. La prochaine étape est celle de trop : contacter la section locale du NPD[2], le parti néonazi allemand, pour avoir de la documentation. « Ils étaient heureux d’avoir un gamin de 15 ans qui leur demandait des informations. Comme j’étais déscolarisé, c’était parfait. Pour eux, j’étais libre » analyse-t-il avec du recul. Pour Felix, c’est le début de l’endoctrinement et de neuf années dans le mouvement.

Quand il entend pour la première fois des théories conspirationnistes sur l’Holocauste, le jeune homme est dubitatif. « Mais quand tu n’as que des amis qui disent qu’il n’a jamais eu lieu, tu finis par penser que c’est la vérité », confie-t-il.

Retrouvez la suite de ce reportage ici, avec Hélène Bielak à la plume et Simon Lambert derrière l’objectif.

[1] Plateforme de téléchargement en peer to peer

[2] Nationaldemokratische Partei Deutschlands ou Parti National-Démocrate Allemand. La formation politique a été fondée en 1964 par des nationalistes conservateurs et des anciens nazis. Aujourd’hui, le parti compte environ 4500 membres.

[1] « Camaraderie », sorte de groupuscule local qui rassemble des personnes, souvent jeunes, partageant les mêmes positions d’extrême droite

 

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