La voix des femmes sans voix (Society, mars 2019)

On dit que la nature est bien faite et que le cerveau des femmes “oublie” la douleur intense de l’accouchement. Elena Gorolová, elle, se souvient “encore et à jamais” de la souffrance éprouvée lors de son passage à la maternité. Maintes fois, elle a rejoué la scène dans sa tête. À l’époque, Elena vit à Ostrava, ancienne cité minière et troisième plus grande ville de République tchèque, comme de nombreux Roms. Elle est ouvrière dans l’industrie sidérurgique, mariée, mère d’un premier garçon et enceinte du second. Un soir, les contractions arrivent. Direction l’hôpital. Ce qui aurait dû être un des plus beaux jours de sa vie se transforme en cauchemar. Elle en ressortira détruite. Après la naissance de son bébé par césarienne, les médecins la stérilisent. Alors qu’elle est endormie sous anesthésie, la chirurgienne sectionne ses trompes de Fallope. Sans lui demander son avis. C’est au réveil, à l’occasion d’une simple visite de contrôle, qu’Elena apprend qu’elle ne pourra plus jamais avoir d’enfant. Elle avait 21 ans et le rêve d’avoir un jour une petite fille.

Un portrait de Léonor Lumineau à lire dans Society de début mars 2019.

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