Il y a deux ans, des accords de paix ont mis fin à une guérilla financée sur la culture de la coca, base de la drogue du même nom. Libérés de cette emprise, les paysans ont opté pour le café et changé de vie, comme le raconte Santiago, 15 ans.
Briceño est un petit village dans les montagnes de la Cordillère des Andes coupé du monde. À quatre heures de route au nord-est de Medellin, la deuxième ville colombienne, on y accède par une piste en terre impraticable lorsqu’il pleut trop fort. Pendant des décennies, les paysans, livrés à eux-mêmes, ont cultivé illégalement les feuilles de coca que les narcotrafiquants utilisaient pour fabriquer la cocaïne, une des drogues les plus dangereuses du monde. Le village était au cœur de la violence, contrôlé par la guérilla des FARC. Elle vendait cette drogue pour financer sa lutte armée contre le gouvernement colombien. Pour survivre, les paysans n’avaient pas le choix.
Des années de violence
Santiago Jimenez, 15 ans, a vécu ces sombres années avec sa famille. Il n’a pas oublié la peur qui le submergeait quand il croisait ses hommes armés qui se cachaient dans la jungle et les montagnes des alentours. Omar Jimenez, son père, cultivait la feuille de coca sur plusieurs hectares autour de leur ferme pour la vendre aux guérilleros. Dès l’âge de 7 ans, Santiago et ses jeunes cousins étaient des « raspachos », des ramasseurs de feuille de coca pour gagner leur argent de poche. Régulièrement, son père était menacé de mort car il ne produisait pas assez. « Un jour, il a tenté de vendre sa production à d’autres narcotrafiquants. En représailles, les FARC ont alors tué ma grand-mère, mon oncle et deux grands oncles. Mon père a réussi à s’enfuir mais a reçu une balle dans la main gauche. Il garde encore la cicatrice. Nous nous sommes réfugiés pendant deux ans à Medellin avec mes parents et ma grande sœur » raconte l’adolescent avec pudeur.
Reportage de Sarah Nabli et Najet Benrabaa à retrouver dans Le Monde des Ados daté de décembre 2018.