Dans le Nord, le partenariat public-privé s’étend au placement des enfants mineurs (Mediapart, avril 2017)

Exsangue, le conseil départemental du Nord va faire appel à des investisseurs privés pour financer une association de protection de l’enfance. Si elle tient ses objectifs, fixés par un « contrat à impact social », la collectivité la remboursera, avec intérêts. Le nombre de placements des mineurs doit-il être fonction des intérêts d’investisseurs privés ?

Ce 4 avril 2017, dans le public du « grand débat » de la présidentielle, il est au premier rang des soutiens d’Emmanuel Macron, costume bleu, col amidonné, barbe taillée, lunettes cerclées, belle montre au poignet… Avec son look de cadre dirigeant, Christophe Itier a commencé sa carrière dans le public. « Avant d’être “chassé” par Deloitte, un cabinet d’audit, parce que je savais parler la langue des collectivités », raconte-t-il. Il conseille alors les associations en difficulté. Dont La Sauvegarde du Nord, un poids lourd du département, qui fut dirigée autrefois par Pierre de Saintignon, actuel premier adjoint à la maire de Lille… « Une fois l’audit de La Sauvegarde terminé, le conseil d’administration m’a dit : “Tiens, on te donne les clés de la maison pour appliquer toi-même les conseils que tu nous a donnés” », dit-il. C’est ainsi qu’en 2010, Christophe Itier est devenu le directeur de La Sauvegarde du Nord.

La philosophie du dirigeant ? « Trouver un chemin de crête entre intérêt commercial et intérêt général. » Ce à quoi répond parfaitement, selon lui, le « contrat à impact social » (CIS). Le principe : l’État fixe à un investisseur un objectif social chiffré dont il ne peut pas ou ne veut pas subventionner la réalisation. L’investisseur finance une association pour atteindre cet objectif. S’il y parvient, l’État le rembourse avec des intérêts, variables en fonction du résultat. La récolte et la redistribution des fonds sont effectuées par un intermédiaire rémunéré. La mise en place d’indicateurs, l’évaluation du programme en amont, puis le bilan permettant le remboursement de l’investisseur sont réalisés par des cabinets d’audit financier, rémunérés eux aussi.

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Elsa Sabado a quitté le collectif pour voguer vers d’autres aventures. Retrouvez son travail chez Hors Cadre

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