Pour comprendre l’impact de la fatigue sur l’attention ou analyser le rôle des émotions dans la créativité, les neuroscientifiques scrutent le cerveau de salariés cobayes.
Vous êtes au travail, occupé à vos missions habituelles, et soudain, des individus qui ne sont ni des collègues ni des supérieurs vous assignent une tâche de calcul mental en vous affublant d’électrodes sur la tête… Un scénario sorti tout droit de l’imagination d’un travailleur surmené ? Non : une expérience scientifique. Car si les chercheurs disposent d’un vaste choix de sujets d’étude (des rongeurs aux hommes en passant par les primates) et d’échelles (de la molécule à l’organe), certains se penchent aujourd’hui plus spécifiquement sur le cerveau des salariés.
Les neurosciences sont déjà riches d’enseignements pour le monde du travail. On a appris ainsi que le cerveau est incroyablement plastique et évolue tout au long de la vie. Les techniques d’imagerie ont permis de découvrir qu’il fonctionne y compris au repos et que ce mode « par défaut » joue un rôle dans notre capacité à trouver des solutions. La recherche a aussi montré que notre motivation était notamment guidée par l’activation du circuit de la récompense, un système neuronal qui tend à renforcer les comportements associés à un stimulus positif.
De même, n’en déplaise aux esprits cartésiens, les scientifiques ont mis en avant le rôle des émotions dans les processus de prise de décision. Le psychologue et prix Nobel d’économie Daniel Kahneman a même théorisé l’existence de deux modes de pensées distincts pour notre cerveau : le système 1, plus intuitif, rapide et émotionnel et le système 2, plus lent, réfléchi, logique. Notre créativité aussi est influencée par nos émotions. « On sait que la joie la renforce», explique Emmanuelle Volle, neuroscientifique membre de l’équipe FRONTlab à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM).
Cette enquête de Marion Perrier est parue dans le numéro d’avril 2019 de Management. Vous pouvez la retrouver ici.