Installé dans les Yvelines, l’entreprise, bientôt bicentenaire, allie exigence et créativité. Elle a gagné une réputation d’excellence dans la fabrication de clarinettes et propose désormais tout l’éventail des instruments à vent, grâce notamment à l’acquisition de maisons spécialisées.
Il fêtera bientôt ses 200 ans d’existence et pourtant le fabricant d’instruments à vent Buffet-Crampon, ne semble pas près de s’essouffler. Les premières notes de son histoire ont vibré en 1825. Le luthier Denis Buffet-Auger installe alors son atelier, dans le 2ème arrondissement de Paris. Une dizaine d’années plus tard, son fils crée avec son épouse la marque Buffet-Crampon. Aujourd’hui encore, ce nom résonne de mille promesses aux oreilles des musiciens.
Depuis 1850, le fabricant a pris ses quartiers à Mantes-la-Ville, dans les Yvelines. C’est toujours ici qu’environ 270 personnes donnent naissance à ses clarinettes destinées aux musiciens professionnels. La physionomie générale des ateliers est à l’image de la marque qui a su perpétuer des savoir-faire d’exception tout en s’inscrivant dans la modernité. Quelques machines à commande numérique y côtoient une multitude de postes où le travail s’effectue de manière manuelle.
Au commencement, il y a le bois : de l’ébène du Mozambique, issu d’un arbre vieux de 80 années, et réputé pour sa densité et ses qualités sonores. Il arrive dans les ateliers sous formes de carrelets, des morceaux sommairement débités qui in fine donneront les corps haut et bas, le barillet et le pavillon qui forment la clarinette.
Le bois est d’abord séché, puis imprégné d’huile de lin et laissé au repos pendant plusieurs mois. Ces préparatifs visent à le stabiliser afin de limiter le risque de fente du bois. « Les étapes de ce traitement sont propres à la maison. C’est un secret de fabrication hérité de nos anciens et fruit de nombreux essais qui nous permettent aujourd’hui de très bien connaître les propriétés du bois », explique Clémentine Pajon, la responsable de l’atelier.
Débute ensuite la fabrication des instruments à proprement parler, dans un ballet de gestes parfaitement maîtrisés. Les morceaux de bois sont façonnés et tournés afin de dessiner les formes des différentes composantes de la clarinette. Puis les tourneurs passent le relai au ponceur à qui revient la délicate tâche d’harmoniser le toucher et l’aspect du bois sans le déformer. De l’extérieur, le futur corps de l’instrument semblent danser entre ses doigts savants. Mais manier la lime et le papier de verre nécessite un juste équilibre entre force et finesse et une véritable dextérité. « Il faut 6 mois à un an pour qu’une personne soit opérationnelle », souligne la responsable d’atelier.
Le polissage permet de supprimer les aspérités et de mettre en lumière les veines ornant chacun des morceaux de bois. Des dessins naturels que les yeux avisés des équipes de l’atelier s’efforcent ensuite d’assortir sur les quatre parties de la clarinette. L’esthétique des instruments doit être à la hauteur de la qualité de leur son ! Le pointage qui permet de créer les trous des notes s’effectue au millimètre près et donne lieu à un contrôle minutieux.
Vient ensuite l’étape cruciale de la perce, où le passeur de perce façonne l’intérieur de l’instrument […].
Retrouvez la suite de ce reportage de Marion Perrier dans le hors-série “Les métiers d’art en France” 2019, du magazine Connaissance des Arts.