En Turquie, à Izmir, les désillusions des électeurs de l’opposition turque (Le Monde – mars 2024)

Le CHP, parti kémaliste, peine à mobiliser pour les élections municipales dans son bastion, la troisième plus grande ville de Turquie. Accusé de népotisme, il reste surtout affaibli par l’échec cuisant de la présidentielle – via @lemonde

« Le CHP n’a rien compris ! Qu’est-ce qui vous prend de mettre un candidat comme Cemil Tugay [candidat CHP à la grande municipalité d’Izmir] ? », s’indigne une quinquagénaire blonde. « J’ai voté pour lui à Karşıyaka, où il n’a absolument rien fait »

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« Malheureusement, nous sommes régulièrement confrontés à ce type de réactions », reconnaît-il en aparté. La circulation, les inondations, l’avancée laborieuse des travaux du métro sont systématiquement invoquées, mais les causes de la colère dépassent les enjeux locaux. Depuis la défaite cuisante de l’opposition aux élections présidentielle et législatives de mai 2023, le principal parti d’opposition peine à rassembler ses troupes.

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La société turque est en apnée, le débat démocratique, un idéal enterré. Le pouvoir autoritaire du président Erdogan s’est employé à neutraliser les voix contestataires, sur la scène politique comme au sein de la société civile, ces dernières années.

Jeune journaliste local, Yavuz (le prénom a été modifié) porte un regard désabusé sur la société : « Après la colère, les électeurs de l’opposition sont passés à une phase de deuil. Nous avons essayé la démocratie… ça n’a pas marché, il nous faut désormais accepter l’évidence. C’est comme si nous étions revenus à un régime de parti unique [comme au début de la République, avant le passage au multipartisme, en 1946] ».
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