Dénoncer les pesticides sans rompre avec le monde agricole : la voie étroite des “phyto-victimes” (Alternatives Economiques, mars 2024)

Si divers acteurs, plus critiques, ont contribué à sa création, la première association d’agriculteurs victimes des pesticides a trouvé sa voie dans une dénonciation mesurée de ces substances, sans remise en cause généralisée de leur usage.

Le 19 mars 2011, l’association Phyto-victimes voit le jour, sur l’exploitation de Paul François, un céréalier charentais souffrant de troubles neurologiques à la suite d’une intoxication à un herbicide. Une dizaine d’autres agriculteurs malades et des proches sont présents. Mais l’événement réunit aussi des militants de la cause environnementale, des journalistes travaillant sur les méfaits de l’agriculture intensive et un avocat.

Dans L’Agriculture empoisonnée. Le long combat des victimes des pesticides, publié en janvier (Presses de Sciences Po), les sociologues Jean-Noël Jouzel et Giovanni Prete reviennent sur le rôle « d’intermédiaires de la victimisation » que ces différents acteurs ont joué dans l’émergence de cette mobilisation d’agriculteurs a priori peu susceptibles de s’engager dans la dénonciation des méfaits des produits phytosanitaires.

Commencée en 2011, leur enquête analyse à la fois les conditions de création de cette mobilisation et celles qui lui ont permis de perdurer. Elle repose sur une centaine d’entretiens, réalisés avec des agriculteurs impliqués dans l’association comme avec les différents acteurs qui ont croisé sa route, et sur le suivi de différents moments de vie de l’association.

Leur récit montre combien rien ne prédisposait ses fondateurs à se revendiquer victimes des pesticides […]

Retrouvez la suite de cet article de Marion Perrier sur le site d’Alternatives Economiques.

 

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