Marion PerrierLe lien entre cancer du sein et profession exercée a été reconnu dans plusieurs cas mais le chemin est encore long pour faire entrer cette pathologie dans un tableau de maladie professionnelle.
Et de deux ! En ce début d’année 2024, Bernadette Wilmouth, 75 ans, a obtenu la reconnaissance de l’origine professionnelle des cancers du sein qu’elle a déclarés en 2005 puis en 2019. Elle a travaillé trente ans comme aide-soignante à l’hôpital de Freyming-Merlebach, en Moselle, accumulant plus de 2 100 nuits et une exposition régulière aux rayons ionisants.
« En réanimation, les radios étaient faites au lit des malades, alors qu’on était juste à côté sans protection », se souvient Bernadette Wilmouth.
Il y a un an, Martine Oms avait déjà vu le lien entre ses nombreuses nuits comme infirmière à l’hôpital de Sarreguemines et le cancer du sein qui lui avait été diagnostiqué, à 49 ans, en 2009, reconnu.
« Cela nous booste », apprécie Brigitte Clément, secrétaire régionale de la CFDT des mines dans le Grand-Est. Ces victoires sont aussi celles d’un groupe de syndicalistes engagé pour la reconnaissance du cancer du sein comme maladie professionnelle.
Dès les années 2000, Josiane Clavelin, aide-soignante à Freyming-Merlebach, est interpellée par le grand nombre de collègues touchées. Elle se rapproche des équipes spécialistes des maladies professionnelles au sein de la CFDT des mines, qui a développé une expertise en accompagnant les victimes de bronchites chroniques, de silicoses et d’autres cancers.
Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a beau avoir classé le travail posté comme cancérogène probable en 2007 et le Danemark reconnu le travail de nuit comme un risque professionnel, les éléments pour établir le lien entre la pathologie des soignantes et leurs conditions de travail sont alors encore peu nombreux.
Mais en 2011, le Circ classe le travail de nuit en cancérogène probable. En 2012, l’enquête Cécile de l’Inserm montre qu’il augmente le risque de cancer du sein de 30 %. En 2016, une expertise de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) conclut à son effet probable sur le risque de cancer. D’autres publications suivent et s’ajoutent aux connaissances déjà bien établies sur le caractère cancérogène des rayons ionisants et de l’oxyde d’éthylène, un gaz utilisé comme désinfectant […]
Retrouvez la suite de cette enquête de Marion Perrier sur le site d’Alternatives Economiques.
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