Femmes agricultrices, le sexisme est dans le pré (Alternatives Economiques, octobre 2021)

Malgré des avancées statutaires et une visibilité accrue, les agricultrices font face aux discriminations et au sexisme ordinaire. Certaines s’organisent en groupes non mixtes pour gagner en autonomie et lutter pour voir leur rôle pleinement reconnu.

« Il est où le patron ? »Cette question ritournelle répétée aux femmes agricultrices, dont on peine visiblement à envisager qu’elles puissent être à la tête de leur ferme, donne son titre à une bande dessinée1 publiée cette année et co-écrite par Les Paysannes en polaire, un collectif de cinq agricultrices, et la dessinatrice Maud Bénézit.

On y suit le parcours d’une éleveuse associée avec son mari, d’une apicultrice et de la repreneuse d’une ferme caprine. Du troupeau et du fromage qui sont toujours « ceux du mari », pour les clients, les élus ou les propriétaires de terres, aux doutes des instances professionnelles quant à la capacité d’une jeune femme à s’installer seule, en passant par la triple journée peu reconnue d’une paysanne, mère de famille et engagée syndicalement, l’ouvrage dépeint les difficultés et le sexisme ordinaire auquel sont confrontées les agricultrices.

« Tout est tiré de nos expériences ou de témoignages que l’on a recueillis », souligne Fanny Demarque, l’une des autrices. « Cela permet aux paysannes de réaliser que le sexisme qu’elles vivent ne leur est pas propre mais qu’il s’agit d’un phénomène social. »

Pourtant, le monde agricole se féminise. Longtemps invisibilisées, les femmes représentent aujourd’hui 24,3 % des chefs d’exploitation agricole et 35,4 % des salariés du secteur2. Elles étaient 49 % des élèves de l’enseignement agricole, toutes filières confondues à la rentrée 2020.

Leur lutte pour leur reconnaissance n’est d’ailleurs pas nouvelle […]

Retrouvez la suite de cette enquête de Marion Perrier sur le site d’Alternatives Economiques.

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