Dans le Périgord, un groupe de femmes se forme à la maîtrise du tracteur. Un apprentissage collectif qui permet aux participantes de gagner en autonomie.
« Conduite, entretien, maintenance ». Distribué sur les tables, un fascicule orné de photos de tracteur annonce le programme. Dans la salle de cours de la maison familiale rurale (MFR) de Thiviers, au château de la Filolie, en Dordogne, douze agricultrices sont venues des quatre coins du département pour en apprendre davantage sur le maniement de cet engin.
« J’aimerais gagner en autonomie, explique Jeanne Rousseau, paysanne –boulangère avec son compagnon. Sur la ferme, c’est plutôt lui qui utilise le tracteur ». « Moi je le conduis mais c’est mon mari qui l’entretient », renchérit Coralise Paugam. Après des études de psychologie et plusieurs années de salariat agricole, elle a récemment repris un élevage de vaches allaitantes. Pour cette journée de formation, la trentenaire a apporté la notice de son vieux tracteur, une liste de questions sur « la fréquence et le type d’entretiens à réaliser » et Les doigts coupés, un livre de l’anthropologue Paola Tabet. « Elle montre que, dans les peuples primaires, la division du travail entre hommes et femmes est fondée sur l’appropriation des outils les plus performants par les hommes », résume—t-elle à ses camarades.
Comme elle, certaines veulent pouvoir prendre soin des vieilles machines qui sont les leurs et acquérir du vocabulaire mécanique. D’autres souhaitent dépasser leurs appréhensions au volant, connaître les règles pour éviter de « cabaner » sur une parcelle en pente ou encore comprendre la logique qui préside aux mouvements de la remorque en marche arrière […]
Retrouvez ce reportage de Marion Perrier dans Libération du 12 mai 2022 et en ligne.