Medellín tente d’effacer le souvenir d’Escobar (Février 2019)

L’ancienne résidence de Pablo Escobar vient d’être détruite. Vingt-cinq ans après sa mort, le plus célèbre des narcotrafiquants continue d’attirer les touristes, au grand dam des autorités.

Il a fallu moins de cinq secondes pour voir disparaître l’un des vestiges de Pablo Escobar à Medellín. Sa résidence Monaco, huit étages de luxe extravagant, qu’il avait construite dans les années 80 pour loger sa famille en plein cœur du quartier chic de Poblado, vient d’être dynamitée par 275 kilos de charges explosives. « C’est un jour historique pour les victimes, les habitants de Medellín et les Colombiens », a déclaré le président de la République, Iván Duque, le matin même. Des centaines de milliers de Colombiens ont suivi en direct l’effondrement de l’immeuble à 11 h 53 retransmis par toutes les télévisions.

À 300 mètres de la résidence Monaco, 1 600 personnes étaient invitées par la ville à regarder l’événement sur écrans géants et à rendre hommage aux victimes du narcoterrorisme des années 80 et 90. Cent trente familles marquées par Pablo Escobar étaient présentes. Entre souvenirs douloureux et soulagement, certaines victimes ont versé quelques larmes malgré le nuage de poussière qui a suivi l’effondrement. Parmi elles, Juan Manuel Galan, le fils de Luis Carlos Galan, homme politique et candidat à la présidentielle assassiné par les sicarios, tueurs à gages, de Pablo Escobar le 18 août 1989. « Les séries autour d’Escobar ont éveillé un sentiment d’indignation chez nous. On nous a trop longtemps oubliés. Aujourd’hui, par cette destruction symbolique, on montre au monde qu’on existe, on nous donne enfin la parole. C’est le point de départ d’une nouvelle reconstruction de la mémoire », reconnaît-il.

Medellín contre le mythe Escobar

Medellín veut tourner la page d’un passé ultra-violent qui lui colle à la peau. Ces derniers mois, la ville est partie en croisade contre ces narcotours qui exploitent la mémoire d’Escobar. La résidence Monaco était l’un des passages obligés de ces tours, avec sa tombe et la Catedral, la prison qu’il s’était lui-même construite. Le 19 septembre dernier, elle fermait ainsi le musée (illégal) Escobar ouvert par son propre frère Roberto, 71 ans. Partout où Escobar est passé, des affiches rappellent les nombreuses victimes de ces années sombres. Entre 1984 et 1994, 46 612 morts sont liés au narcoterrorisme.

Pour lire la suite de l’article de Sarah Nabli pour Le Point.fr c’est ici. Vous pouvez aussi écouter ses reportages pour les radios RTL et Radio-Canada. Ou regarder la RTS TV !

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