Medellin, le Street-art en paix (Socialter déc-janv 2018)

Longtemps étiquetée « ville la plus dangereuse du monde », Medellin renaît de ses cendres notamment grâce au street-art depuis une dizaine d’années. Graffeurs et artistes du monde entier viennent griffer les murs de l’ancien fief de Pablo Escobar et “graffer” une fresque tant picturale que sociale. 

Le rendez-vous est donné à la station de métro San Javier à l’ouest de la ville. Un petit groupe de jeunes touristes attend patiemment, appareils photo en bandoulière sous les regards intrigués des paisas (habitants de la région de Medellin) qui croisent rarement des étrangers dans ce coin-là de la ville. Quinze minutes de retard plus tard le guide arrive. Casquette de base-ball vissée sur la tête, tee-shirt large flashy, baggie et dernières baskets à la mode, Dairo Andres alias Kabala, 26 ans, ne passe pas inaperçu. « Bienvenue à la Comuna 13, l’une des communes les plus dangereuses de Medellin » lance-t-il avec un large sourire, avant de se rattraper. « Non ça c’était avant, je vous rassure, maintenant tout est calme, on peut commencer la visite ! ».

Depuis 5 ans, Dairo Andres et son association de quartier « La casa Kolacho » proposent des Graffitis Tours dans la Comuna 13 aux touristes qui veulent découvrir une autre réalité de la ville. Outre les impressionnants 384 mètres d’escalators, les jeunes américains, anglais ou français sont surtout venus voir la trentaine de fresques qui ornent les murs des ruelles et des maisonnettes. Le quartier en pente longtemps oublié, niché sur les collines ouest de Medellin, est aujourd’hui connu dans le monde entier grâce notamment au chanteur Enrique Iglesias qui en a fait le décor de son clip « El Perdón » en 2015.

Des guerres urbaines à la paix

Mais la Comuna 13 revient de loin, zone de non droit dirigée par des cartels et différentes milices des guérillas du pays dans les années 90 et 2000, elle a vécu des jours sombres de guerres urbaines. Les habitants vivaient repliés sur eux-mêmes entre violence et misère. Jusqu’à ce que la municipalité décide de récupérer ces quartiers par la force à travers plusieurs opérations militaires en 2002, qui traumatisèrent plusieurs générations d’habitants.  « Nous voulions rompre ce ghetto social et accentuer notre présence. Nous avons donc commencé par l’ouverture d’un collège-lycée en 2008, nous avons pris contact avec la population et intensifié la présence policière, ensuite il fallait améliorer la vie quotidienne des gens qui devaient monter des centaines d’escaliers avant d’arriver chez eux. Nous avons donc opté pour les escalators mis en service en 2012 » explique César Hernández Correa, le directeur de l’Entreprise de développement urbain affiliée à la municipalité.

Retrouvez la suite de l’enquête de plusieurs mois auprès des “Cartels du graff” de Medellin de Sarah Nabli dans le numéro de Socialter de décembre-janvier 2018.

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