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Les sacrifiés de Gad veulent se battre jusqu’au bout (L’Humanité, 24 octobre 2013)

Par Marion Perrier · Le 24 octobre 2013

La colère gronde chez les ex-salariés de l’abattoir Gad, à Lampaul-Guimiliau (Finistère). Depuis quatorze jours, ils occupent le site pour obtenir des négociations sur leurs conditions de départ. Avant-hier, un face-à-face tendu a eu lieu à Josselin.

Bousculades, prises à partie et incompréhension mutuelle : la tension était à son comble mardi, devant l’abattoir de la Cecab, à Josselin (Morbihan), entre les salariés de l’abattoir finistérien du groupe venus réclamer de meilleures primes de licenciement et les Morbihanais décidés à forcer le blocus pour pouvoir continuer à travailler. Les uns ont perdu leur emploi et veulent faire pression sur la direction, les autres craignent que le blocage ne mette en péril leurs postes pour le moment sauvegardés.

Pourtant, c’est dans le calme que les salariés s’étaient réunis quelques heures plus tôt devant l’abattoir de Lampaul-Guimiliau (Finistère) pour organiser le blocage. Éclairés par un feu de palettes, ils étaient près de 200. Depuis l’annonce de la fermeture et de la suppression de 889 postes, le 11 octobre dernier, ils occupent le site pour obtenir l’ouverture de négociations sur leurs primes de licenciement. C’est la direction de la Cecab qui est visée, et pas question de lâcher. « De toute façon, on n’a plus rien à perdre. L’annonce de la fermeture a été un choc, mais aujourd’hui c’est la colère qui prend le dessus », constate Isabelle, une ancienne du service saurisserie. « On veut simplement partir dans la dignité », ajoute Pascal, douze ans de boîte au compteur.

 

Les Lampaulais refusent d’abandonner la bataille

Ici beaucoup sont marqués, cassés par un travail dur, pour lequel ils n’ont jamais rechigné. « Rester statique par une température de quatre degrés pendant sept heures à répéter les mêmes gestes sur des carcasses parfois gelées, ça vous flingue le dos », raconte Marc, qui travaillait à la découpe primaire. Pour l’heure, ils n’ont obtenu que 1 000 euros pour les trois premières années d’ancienneté et 197 euros pour les suivantes, soit moins de 5 000 euros pour vingt ans passés sur les chaînes de production. Au-delà des primes, c’est l’attitude de la direction qui cristallise la colère. « On ne l’a pas vue depuis le depuis le début du conflit, ils ont préféré gaspiller la matière première bloquée dans l’abattoir plutôt qu’ouvrir des négociations », déplore Stéphane, ex-agent de maîtrise. Près de 500 tonnes de viandes sont ainsi parties à l’équarrissage.

Les récentes annonces du gouvernement sur une éventuelle reprise du site par la communauté de communes de Landivisiau, après un rachat par l’Établissement public foncier de Bretagne, les salariés n’y croient pas beaucoup. « Pour l’instant, la seule chose de confirmée, c’est que le préfet de région va engager une étude de faisabilité sur les perspectives de reconversion du site. Il faut être terre à terre », avertit Jean-Marc Puchois, le maire de Lampaul-Guimiliau, mobilisé auprès des salariés. Ces derniers l’ont bien compris. « On ne voit pas où ils vont nous reclasser », souligne Patricia. Les Lampaulais refusent donc d’abandonner la bataille pour de meilleures conditions de licenciement.

Hier matin, ce sont finalement les forces de l’ordre qui ont mis fin au blocage de l’abattoir morbihanais, tandis que le préfet du Finistère invitait la direction et les syndicats à se réunir. « Maintenant que le blocage est levé, je ne suis pas sûr que la Cecab veuille négocier », craint Olivier Le Bras, représentant de Force ouvrière. Une chose et sûre, la colère sociale en Bretagne n’est pas près de retomber. Mardi, Christian Troadec, le maire de Carhaix, appelait à une grande manifestation le 2 novembre de « toutes les populations touchées par la crise que subit l’économie bretonne », l’occasion de montrer que les divisions n’auront pas raison des revendications des salariés bretons.

 

Des intérimaires roumains en renfort 

À Lampaul-Guimiliau (Finistère), l’information, révélée par le Parisien, a suscité des commentaires acerbes. Depuis octobre, une centaine d’intérimaires venus de Roumanie ont été embauchés sur l’abattoir de Josselin (Morbihan) pour faire face à la charge de travail supplémentaire liée au transfert de l’activité de l’abattoir finistérien. Une étape temporaire, selon la Cecab, qui devrait prendre fin avec le reclassement prévu de 343 salariés à Josselin. L’affaire relance le débat sur la directive européenne sur les travailleurs détachés, largement utilisée dans les abattoirs allemands, qui recourent ainsi à des salariés des pays de l’Est, payés entre 3 et 6 euros de l’heure, faute de salaire minimum outre-Rhin. Mais dans l’Hexagone, ces intérimaires reçoivent le même salaire que leurs collègues français « et pas 600 euros par mois comme il a été écrit », précise la Cecab… La situation ne manque pas de sel tout de même, alors que les salariés lampaulais ont reçu par courrier des propositions de reclassement en Hongrie ou en Roumanie.

Marion Perrier 

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Marion Perrier

Formée à l’IEP de Rennes et à l’Institut Français de Presse en 2012, je suis pigiste depuis ma sortie d’école et spécialisée en presse écrite. Mon créneau : raconter l’économie sous toutes ses formes, interroger le monde du travail, témoigner des luttes sociales, questionner et donner à voir mais surtout à comprendre, avec des mots. Je collabore régulièrement avec les rédactions de l’Humanité et de Capital. Adepte de l’enquête, je souhaite développer des projets au long cours autour des sujets qui m’interpellent, liant questions économiques, sociales et environnementales, depuis Paris ou ma Bretagne natale, jusqu’aux quatre coins de la planète.

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