Au travail, la santé des femmes ignorée (Alternatives Economiques, juin 2022)

Certains problèmes de santé en lien avec le travail touchent plus particulièrement les femmes. Cette différence s’explique par les inégalités qui perdurent dans la répartition des emplois, les parcours ou les rôles attribués aux hommes et aux femmes. La prise en compte des pénibilités du travail est également inégale.

« Mine de rien, c’est un travail assez physique ! » Camille, 35 ans, se souvient avec douleur des deux ans qu’elle a passés comme aide-soignante de nuit dans une maison de retraite bretonne. Elle se remémore les manipulations nécessaires pour soulever des personnes pesant 50 à 80 kg et les changer « à la chaîne », trois fois par nuit, ses scrupules à les réveiller en allumant en grand la lumière et en remontant les lits médicalisés, l’entorse qu’elle se fait en trébuchant dans la pénombre et, surtout, son moral qui sombre devant les conditions de prise en charge des résidents.

Agente de nettoyage à la ville de Paris depuis 2008, Mariamou Moussa raconte, elle, la façon dont l’intégralité de son corps est sollicitée pour passer l’aspirateur, vider les corbeilles, essorer les chiffons en microfibres. Elle souffre de douleurs aux pieds et dans le bas du dos au point de déménager sa chambre au rez-de-chaussée de son logement pour éviter l’escalier. A 47 ans, elle voudrait changer d’emploi, « mais c’est un métier où on n’évolue pas », déplore la représentante syndicale qui se bat au sein d’un collectif féministe pour que soit reconnue la pénibilité de ses fonctions.

Car en matière de santé au travail, femmes et hommes ne sont pas égaux. D’après l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), les accidents de travail concernent à 62,7 % des hommes et ont globalement diminué de 11 % entre 2001 et 2019… Mais ils ont augmenté sur la même période de 41,6 % chez les femmes ! Le taux de fréquence des troubles musculo-squelettiques est aussi deux fois plus élevé chez les travailleuses, également surexposées aux risques psycho-sociaux et aux violences sexistes et sexuelles. Comment l’expliquer ?

Des expositions différentes

« Il y a une répartition sexuée des activités, des postes, des métiers, des tâches », souligne d’abord Florence Chappert, responsable de la mission égalité intégrée à l’Anact. C’est vrai à l’échelle des secteurs – aux hommes le BTP, l’industrie ; aux femmes le service, le soin par exemple. « Et même quand ils occupent un même poste, on s’aperçoit qu’elles et ils ne font pas la même chose », précise-t-elle. Elle cite une étude menée auprès de La Poste montrant que les facteurs hommes, ayant plus d’ancienneté en moyenne, choisissaient leurs tournées avant les factrices qui écopaient des plus pénibles […]

Retrouvez la suite de cette enquête de Marion Perrier sur le site d’Alternatives Economiques.

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