Faire ferme commune pour changer l’agriculture (Alternatives Economiques, février 2022)

Dans des fermes collectives aux activités diversifiées, des paysans inventent une nouvelle manière d’être agriculteur, en questionnant le rapport au travail et au capital de la profession.

En ce mois de décembre, une flopée de chaussures crottées marque l’entrée de la salle commune de la ferme de Belêtre, en Indre-­et-Loire. Cette société coopérative et participative (Scop) agricole née en 2016 compte quatre associés et quatre salariés, et accueille deux stagiaires peaufinant leur projet d’installation. « Je peux prendre le tracteur ? », ­s’enquiert Lucie Thieriot, maraîchère et associée. Car ici le matériel est partagé. D’autres cultivent des céréales et les transforment en farine, puis en pain.

A la Tournerie, en Haute-Vienne, depuis 2015, douze amis ont pris la relève d’un éleveur bovin. La ferme de 83 hectares accueille aujourd’hui du maraîchage, de la culture de céréales transformées en pain et en bière, de l’élevage de chèvres, vaches et cochons, une fromagerie et un bar associatif. Aux Volonteux, dans la Drôme, ils sont une vingtaine à travailler sur les quelque 30 hectares de la ferme, où ont été créées une épicerie et une friperie en plus de diverses activités agricoles. En Ile-de-France, la coopérative d’activités et d’emploi (CAE) des Champs des possibles compte une soixantaine d’entrepreneurs-salariés agricoles. La plupart y testent pour un temps leur projet d’installation. Mais une quinzaine ont choisi de développer durablement leurs activités au sein de la structure.

Une nouvelle vision du collectif

Chez les aspirants agri­culteurs, particulièrement ceux qui ne viennent pas de ce milieu, le collectif a la cote. « On rencontre de plus en plus de gens qui veulent s’installer à plusieurs avec l’idée de travailler de manière différente, avec plus de possibilités d’entraide et des astreintes moins fortes », note ainsi Jean-Baptiste Cavalier, coordinateur du Réseau national des espaces-tests agricoles.

Que l’on pense aux coopératives d’utilisation du matériel agricole, nées en 1945, ou aux groupements agricoles d’exploitation en commun (Gaec), une forme juridique créée en 1962, le collectif n’est pas une notion nouvelle en agri­culture. « Ce qui est nouveau, c’est une certaine façon de le penser, comme une manière de reprendre une ferme, en développant chacun un atelier, et comme une réponse aux difficultés de transmission de certaines structures trop grandes et trop chères », constate Cécile Gazo, sociologue qui travaille sur la diversification des dispositifs de soutien à l’installation […]

Retrouvez la suite de cet enquête dans le numéro de février d’Alternatives Economiques et sur son site internet.

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